Outre la peinture, les pots deviennent plus durables
Les emballages de peinture auront-ils bientôt un aspect différent? Il y a de fortes chances! L'Europe a jeté son dévolu sur les emballages durables, ce qui a des répercussions sur les emballages de peinture. A partir de 2030, les emballages en plastique devront contenir un certain pourcentage de matériaux recyclés. A partir de 2035, tous les emballages devront être recyclables à 100%. C'est ce que prévoit la proposition de la Packaging and Packaging Waste Regulation qui est actuellement sur la table.
NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS EUROPÉENNES
Ces dernières années, les réglementations européennes ont eu un impact considérable sur la production de peinture. Le règlement REACH interdit les substances dangereuses dans les peintures et une législation plus stricte sur les biocides oblige également les fabricants de peinture à reformuler leurs recettes. Désormais, l'Europe s'attaque également aux emballages.
Jacques Warnon, président de l'ATIPIC, l'association belge des techniciens de la peinture issus de l'industrie et du monde académique, suit les évolutions législatives aux premières loges. "Le règlement sur les emballages et les déchets d'emballages est en cours de révision. Les modifications n'ont pas encore été définitivement approuvées mais on s'attend à ce que les lignes générales ne changent pas. Et celles-ci sont claires. À partir de 2035, tous les emballages de peinture devront être recyclables. D'ici 2030, les emballages en plastique devront déjà être composés d'un certain pourcentage de matériaux recyclés."
LES RÉSIDUS DE PEINTURE CONSTITUENT UN DÉFI
Les objectifs du règlement sur les emballages et les déchets d'emballages sont ambitieux, notamment pour le secteur de la peinture. "Aujourd'hui, la plupart des emballages de peinture ne sont pas recyclables", explique Jacques Warnon. "L'une des principales raisons est qu'ils contiennent encore souvent des restes de peinture après utilisation. Ces derniers ne sont pas nécessairement un problème pour le recyclage des emballages métalliques, qui sont fondus à haute température. En revanche, le processus de recyclage des plastiques ne permet généralement pas la présence de résidus de peinture: l'emballage doit être raclé. En outre, la conception de nombreux emballages de peinture complique également le recyclage. Les emballages composés de plusieurs matériaux, comme un seau en plastique avec une anse en métal, ou les emballages composés de différents types de plastique sont plus difficiles à recycler."
L'Europe fixe également certaines exigences pour les emballages en général. "Le texte de la proposition ne permet pas encore de savoir exactement quelles conditions seront imposées à l'industrie de la peinture", explique Jacques Warnon. "Mais il est indiqué, par exemple, que pour les emballages de boissons, 80% des emballages devront être réutilisables d'ici 2040 et donc pouvoir être rechargés après utilisation. En outre, des restrictions sont imposées à l'utilisation de certaines substances qui pourraient avoir un effet négatif sur la réutilisation et le recyclage des emballages. Cela peut donc aussi avoir des conséquences pour l'industrie de la peinture."
un PETIT EFFORT À FOURNIR de la part du PEINTRE
Il y a donc du pain sur la planche. IVP Coatings, la fédération belge de l'industrie des peintures, laques, vernis, encres et systèmes d'isolation de façades, s'engage à rendre la chaîne de déchets plus durable et à rendre la peinture et les emballages de peinture circulaires à l'avenir.
Lieven Seys, président d'IVP Coatings: "L'objectif numéro un est d'éviter les déchets. D'une part en calculant avec précision la quantité de peinture nécessaire à un projet et d'autre part en repensant certaines vieilles habitudes. Si un peintre a besoin de trois litres de peinture, il vaut mieux acheter trois pots d'un litre qu'un pot de cinq litres. Dans ce dernier, il reste deux litres de peinture, ce qui rend le recyclage beaucoup plus difficile. Moins le pot est propre, plus il a de chances de finir à l'incinérateur. Nous devons sensibiliser les peintres à ce sujet."
"S'il y a des restes, poursuit Lieven Seys, le premier réflexe devrait être de les utiliser. Nous constatons en effet que les peintres professionnels utilisent déjà souvent les restes de peinture, par exemple comme apprêt dans un projet ultérieur. C'est une bonne chose."
Lieven Seys: "Si un peintre a besoin de trois litres de peinture, il vaut mieux acheter trois pots d'un litre qu'un pot de cinq litres. Dans ce dernier, il reste deux litres de peinture, ce qui rend le recyclage beaucoup plus difficile"
"Si les déchets de peinture existent, il est important de mieux séparer les pots de peinture lors de la collecte et de ne pas tout jeter dans la même poubelle. En triant les emballages (vides et pleins, de produits à l'eau et de produits solvantés, en plastique et en métal...), on crée des flux de déchets raclés distincts qui facilitent le recyclage."
"IVP Coatings, en collaboration avec Valipac, va mettre en place un projet pilote cet été afin de tester les modalités de collecte idéales. Pour cela, nous nous concentrerons sur les petites entreprises de peinture, car elles ont souvent des volumes de déchets trop faibles pour faire appel à un collecteur de déchets. Dans le cadre du projet pilote, les peintres pourront apporter leurs déchets à leur point de vente. Cet endroit nous semble évident, car les peintres s'y rendent de toute façon régulièrement pour faire leurs achats et se faire conseiller. Nous testerons ensuite la meilleure façon de trier les déchets collectés afin que la collecte et le recyclage se déroulent au mieux", explique Lieven Seys.
"Les plastiques que nous recyclons de cette manière peuvent être utilisés à toutes sortes de fins, notamment pour la production de boîtes de rangement, de bacs à peinture et de nouveaux pots de peinture PCR (Post-Consumer Recyclate). Il existe déjà aujourd'hui sur le marché des pots de peinture qui sont (en grande partie) fabriqués à partir de plastique recyclé."
"De plus, les fabricants d'emballages bricolent leurs emballages pour qu'ils soient plus faciles à recycler et le plastique recyclé peut en faire partie. Atteindre les objectifs de l'Europe est un grand défi, mais cela devrait être possible. La Belgique, d'ailleurs, est un précurseur en matière de recyclage des déchets."
CIRCULARITÉ
"Recycler nos emballages et réutiliser le plastique est bien sûr une chose, mais les restes de peinture constituent le plus grand défi aujourd'hui. Nettoyer les pots avant le recyclage représente souvent un coût économique et n'est pas forcément meilleur pour l'impact environnemental. Le mieux serait de réutiliser les restes de peinture. C'est également important dans le contexte de la circularité, vers laquelle notre économie évolue de toute façon", souligne Lieven Seys.
"La grande question est de savoir si nous pouvons donner une nouvelle vie aux restes de peinture. Par exemple, ils peuvent être utilisés comme colorants dans le béton, mais pouvons-nous les réutiliser dans l'industrie de la peinture elle-même? Aujourd'hui, il y a encore beaucoup de points d'interrogation économiques et technologiques, mais la recherche sur ce point bat son plein."
"Une chose est sûre. Depuis le Green Deal européen, la volonté des différents acteurs est forte, et les esprits vont dans la même direction. Il y aura toujours des obstacles sur le chemin – je pense, par exemple, à la législation qui ne permet pas aux fabricants de peinture d'exporter des déchets ou d'accepter les déchets de leurs concurrents – mais nous les aborderons ensemble s'ils se présentent à nous. L'important est de créer une sorte de prise de conscience et que toutes les parties prenantes participent aux solutions. Aujourd'hui, nous essayons de déplacer une petite pierre dans l'espoir de passer à l'échelle supérieure plus tard."