Recherche de la VUB sur les matériaux de construction auto-régénérants
des champignons pour colmater les trous
Moisissures et bâtiments... lorsqu'on entend les deux dans la même phrase, on ne pense qu'à une chose: assainir. Pourtant, les moisissures peuvent également offrir des solutions à de nombreux problèmes rencontrés dans la pratique de la construction. Dans les laboratoires de la VUB, l'ingénieure-architecte Aurélie Van Wylick étudie comment elle peut utiliser les champignons de manière durable pour augmenter la durée de vie des matériaux de construction traditionnels et même les rendre auto-régénérants.
Les filaments mycéliens comme élément de liaison
La VUB a une longue tradition de recherche sur les matériaux composites dans lesquels la structure des filaments mycéliens des champignons constitue l'élément de liaison. Ces recherches sont menées au sein d'un consortium interdisciplinaire de groupes de recherche 'Architectural Engineering' (ARCH), 'Microbiology' (MICR) en 'Physical Chemistry and Polymer Science' (FYSC)..
Bien que la comparaison ne soit pas tout à fait valable, pour simplifier, on pourrait comparer ces filaments mycéliens aux racines des plantes. Ils forment un réseau dense, complexe et très serré qui se nourrit d'une source de nourriture naturelle (comme les fibres). Les filaments mycéliens forment une sorte de colle qui assure la cohésion du matériau.
colmater les fissures

Van Wylick s'intéresse plutôt aux matériaux de construction auto-régénérants. Elle le fait sous la direction des professeurs des différents groupes de recherche. "Les moisissures se prêtent bien à la réparation du béton dans des endroits normalement difficiles d'accès", explique-t-elle. "Les filaments fongiques peuvent se développer dans les fissures et les crevasses qui sont omniprésentes dans le béton et qui se forment déjà pendant le durcissement du béton. Les champignons sont capables de colmater ces microfissures en construisant une structure de carbonate de calcium, le même matériau dont sont faites les stalactites. Cette structure protège l'armature de l'humidité et de l'oxygène, réduisant ainsi les risques de corrosion."
Pour que cela soit vrai, il convient de prendre des précautions dès la fabrication du béton. "Nous expérimentons actuellement en laboratoire un ciment dans lequel nous incorporons des capsules contenant une certaine concentration de spores de l'espèce fongique capable de commencer à colmater d'éventuelles fissures", précise Van Wylick.
Environnement de base
Le principal obstacle à la croissance des moisissures est l'environnement alcalin que constitue le béton et dans lequel les moisissures ont du mal à se développer. Les champignons aiment une acidité plus ou moins moyenne: pas trop acide, mais pas basique non plus. "Nous cherchons toujours un moyen de surmonter cet obstacle", explique Van Wylick, qui espère que la phase de laboratoire de ses recherches sera terminée dans quelques années. "Nous croyons fermement aux solutions biologiques pour les problèmes architecturaux: elles sont par définition circulaires, écologiques et bonnes pour l'environnement."